Le code n’a pas changé
Quelques lignes dans le budget supplémentaire de la commune ont particulièrement retenu notre attention. Elles concernent le numérique à l’école.
Cela concerne l’achat de vidéo-projecteurs (Interactifs ! Ça fait moderne). C’est plutôt une bonne nouvelle : moins chers que les tableaux numériques, moins consommateurs d’énergie, à l’obsolescence probablement moins rapide et les élèves seront soumis à une lumière « bleue » atténuée.
L’autre point nous semble problématique : « Le projet numérique scolaire se poursuit pour l’équipement des écoles maternelles avec l’acquisition des packs robotiques ».
Comme la langue d’Ésope, cela peut produire le meilleur comme le pire. Une recherche sur la toile, nous indique qu’il s’agit d’un projet national où bien sûr, seuls les aspects positifs sont présentés. Est-il bien nécessaire d’apprendre, si jeune, la manière de contrôler un robot ? Qu’est-ce que cela apporte à l’enfant ? Une analyse critique a-t-elle été effectuée sur les expériences précédentes ?
A cet âge où l’esprit est en formation, où il est nécessaire de développer la conscience de soi et son rapport aux autres, de mettre en œuvre sa créativité, le dessin sur une feuille de papier permet au cerveau de commander la main. Est-il préférable de lui demander de commander à un robot en matière plastique ?
Écoutons plutôt le psychiatre Boris Cyrulnik : « Pas d’ordinateur ni de tablette jusqu’à 6 ans. Si les enfants ont l’air sages face à un écran, c’est parce qu’ils sont médusés, hypnotisés. Mais cette fascination implique une perte des relations. Non seulement ils n’apprennent rien, mais cela entraîne une altération de l’empathie et des troubles du développement » (www.lejdd.fr – 24 mars 2018).
Si la frénésie numérique pénètre dans le domaine scolaire, c’est que dans une société qui évolue rapidement, du moins en apparence, les parents souhaitent naturellement le meilleur pour leurs enfants. Aiguillonnés par la propagande pro-numérique, ils pensent que la connaissance des techniques nouvelles, leur permettront de s’adapter aux changements.
En fait, il s’agit d’une erreur. C’est au contraire en évitant une spécialisation précoce et en développant leur formation générale, leur esprit d’analyse, leur critique constructive que les individus jeunes et moins jeunes peuvent comprendre, assimiler et profiter des évolutions. Est-ce la volonté du gouvernement d’aujourd’hui de développer un tel esprit ? Ne cherche-t-il pas plutôt à formater des individus dociles, par le numérique et les réseaux sociaux ?
L’école ne doit céder à la mode en ayant un objectif à court terme. Elle doit préparer les enfants à construire une société de demain plus humaine et solidaire.
Montigny Solidaritécontact@montigny-solidarite.fr ou p.dejean@montigny78.fr
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