La mémoire et l’oubli
Après une année d’interruption, nous nous sommes retrouvés ce 11 novembre pour commémorer l’armistice mettant fin aux combats de la première guerre mondiale.
En cette occasion, nous avons entendu le message de madame Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants.
De la mémoire ? Ou de l’oubli ? Car hormis quelques mots sur les deuils et les misères matérielles et morales engendrées par la guerre, rien.
Rien sur les causes. Rien sur les divers impérialismes européens. Rien sur les nationalismes. Rien sur les haines, savamment orchestrées, envers les autres, les étrangers. Comme si les guerres étaient un phénomène naturel que l’on subit sans que personne n’en soit responsable.
Rien sur le traité de paix, signé à Versailles sept mois plus tard, qui en humiliant les vaincus a largement contribué aux phénomènes qui ont ouvert la voie à la guerre suivante.
Rien sur certains généraux qui, par incompétence et orgueil, ont lancé des offensives perdues d’avance, entraînant le décès de plusieurs dizaines de milliers de soldats. Rien sur les « fusillés pour l’exemple » dont on attend toujours la réhabilitation et l’inscription de leur nom aux monuments aux morts (639 d’après le général André Bach, ancien directeur du Service Historique de l’Armée de Terre).
Pour le travail de mémoire, pour connaître ce qu’a été cette guerre et les souffrances de ceux qui l’ont vécue, il y a heureusement une littérature importante dont bien sûr « Le feu » d’Henri Barbusse.
Rien pour la mémoire, rien pour la connaissance, de façon assez paradoxale, ça fait beaucoup. Le reste est du même ordre. Par un tour de passe-passe idéologique, la ministre met sur le même plan toutes les guerres. On devra donc supposer soit qu’elles arrivent par hasard, soit qu’elles ont toutes les mêmes causes et les mêmes conséquences.
Ce renoncement à l’explication, à la critique, à la recherche, ne prépare que les prochains conflits. Tous les peuples du monde aspirent à la paix. Cela ne suffit pas. Les guerres n’arrivent pas spontanément. La paix n’arrivera pas plus de façon spontanée. C’est une chose qu’il faut construire patiemment. C’est aussi une question de volonté politique. Malgré ses (nombreux) défauts, l’ONU est un outil nécessaire.
« La paix universelle se réalisera un jour non parce que les hommes deviendront meilleurs, mais parce qu’un nouvel ordre, une science nouvelle, de nouvelles nécessités économiques leur imposeront l’état pacifique. » (Anatole France)
Montigny Solidarité
contact@montigny-solidarite.fr ou p.dejean@montigny78.fr
(Télécharger la tribune au format pdf)