Tri sélectif
En février et mars, à Montigny comme ailleurs en France, les professeurs des collèges et lycées ont fait grève contre la diminution des dotations horaires (moins d’heures de cours d’année en année). Au lendemain de nouveaux coups de rabot budgétaires et de nouvelles protestations des professeurs et des parents, l’arrêté modifiant l’organisation des enseignements au collège est paru au Journal officiel ce 17 mars, instaurant l’enseignement en groupes pour la totalité des heures de français et de mathématiques en 6e et 5e dès la rentrée 2024. Exceptionnellement, les élèves pourront se retrouver en classe entière dans ces deux disciplines au cours de l’année.
Le discours ne passe pas. Des groupes constitués « en fonction des besoins des élèves » : on ne dit plus « groupes de niveaux », mais c’est bien de cela qu’il s’agit. Ce n’est pas avec des ressources déjà insuffisantes que l’on va enrayer l’échec scolaire. Où prendra-t-on les professeurs et les heures pour assurer l’enseignement ?
Mais surtout, quelle vision de l’école se cache derrière « le choc des savoirs » ? Ces mesures qui tirent sur la corde du nombre d’heures et de professeurs sont, en fait, un tri des élèves. La mission des enseignants est de faire progresser les élèves. On cultivera l’excellence dans les « bons » groupes, on fera du soutien pour les plus faibles. Ceux du dernier groupe, les « nuls », seront stigmatisés. On nous promet que les élèves pourront changer de groupe en cours d’année, mais si chaque groupe progresse à une vitesse différente, ce sera très difficile. Outre une usine à gaz, c’est une école ségrégative que l’on nous prépare. Ce n’est pas un choc des savoirs, c’est un choc des moyens. Et pour les élèves, c’est du tri social.
De nombreux enseignants ont choisi ce métier mal considéré par vocation, pour aider au mieux les élèves. Mais avec des moyens révisés à la baisse de réforme en réforme, ils ne peuvent pas les amener à la réussite. Leur rémunération (en euros constants) ne cesse de diminuer. Avec des enseignements fragilisés, les élèves ne peuvent pas apprendre à réfléchir. Mobilisons-nous : l’éducation de nos enfants ne doit pas être en solde.
contact@montigny-solidarite.fr – a.hetier@montigny78.fr – d.nadeau@montigny78.fr
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