Claude Kintzig (ATTAC 78 Sud)
Le 28 novembre plus d’une dizaine d’associations et organisations ont appelé à une rassemblement devant le théâtre de St Quentin pour protester contre la loi « sécurité globale ». Les prises de paroles ont été riches d’informations. Ci-après celle d’ATTAC 78 Sud.

Situation
La contestation en France se diversifie et s’amplifie.
On observe des révélations, des contestations, des publications, des rapports de plus en plus nombreux. Par exemple :
- la dénonciation des abus dans les entreprises via les lanceurs d’alerte
- la dénonciation par les journalistes de la fraude fiscale (Panama papers1)
- les manifestations (gilets jaunes, etc)
- les rapports économiques qui montrent un accroissement des inégalités, de la pauvreté, une augmentation des dividendes 6 fois supérieur à celui des salaires.
On peut observer que les grandes entreprises et le gouvernement considèrent ces dénonciations et contestations comme des entraves à la bonne marche des affaires, ou pour le dire plus économiquement comme des entraves au néolibéralisme.
Conscient du « danger » le gouvernement agit dans plusieurs directions.
Il dispose de plusieurs outils :
- Bloquer les révélations des affaires via la loi sur le secrets des affaires,
- Laisser les lanceurs d’alerte seuls face aux entreprises (une protection minimale a été mise en œuvre, voir les galères de Denis Robert)
- Lois sécurité globale pour empêcher les blocages et la contestation dans les facs (le gouvernement connaît l’importance des mouvements étudiants),
- Lois pour verrouiller l’expression populaire, en particuliers la loi « sécurité globale » : les articles 212,223,244 (arrestations préventives, blocage du travail des journalistes, instiller la peur d’aller en manifestation, etc)
Pourquoi en ce moment
Pourquoi ces lois sur la sécurité globale alors qu’il y a des problèmes graves à traiter en ce moment ? Parce que Macron a lu Naomi Klein et connaît donc la stratégie du choc (qui dit que le meilleur moment pour faire passer des lois très dures c’est lorsque les populations sont particulièrement affectées par une crise ou un traumatisme). Il le fait donc pendant la crise du Covid !
Et donc pour ce gouvernement qui est étroitement lié au monde capitaliste (voir les passage du monde de la fonction publique à celui des grands postes dans les entreprises privées) c’est le moment de mettre en œuvre les mesures qui permettent non seulement que rien de bouge, mais que la pression du système puisse s’exercer encore plus facilement.
En conclusion : pour servir le néolibéralisme, ce gouvernement est capable de faire passer la France, pays des Droits de l’homme à la patrie du confinement des Droits de l’homme. Une grande partie de la presse étrangère s’en inquiète.
1Les Panama Papers (« documents panaméens » en français1) désignent la fuite de plus de 11,5 millions de documents confidentiels issus du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca, détaillant des informations sur plus de 214 000 sociétés offshore ainsi que les noms des actionnaires de ces sociétés (Wikipedia)
2 L’article 21 concerne les caméras portables qui, selon les rapporteurs du texte, devraient équiper toutes les patrouilles de police et de gendarmerie. Le texte autorisera donc la transmission des flux vidéo au centre de commandement en temps réel. L’effet principal sera de faciliter de façon considérable des pratiques constatées depuis plusieurs années en manifestation, visant à harceler des opposants politiques notamment par des placements en « garde à vue préventive»
Pourtant ces nouveaux pouvoirs ne sont justifiés par aucun argument sérieux en matière de protection de la population et ne s’inscrivent aucunement dans une doctrine de gestion pacifiée des foules
3 L’article 22 autoriserait la surveillance par drones qui, selon le Conseil d’État, est actuellement interdite. En clair, le déploiement massif des caméras mobiles et des drones, couplés aux caméras fixes déjà existantes, entraînerait une capacité de surveillance généralisée de l’espace public
4 L’article 24 vise à empêcher la population et les journalistes de diffuser des images du visage ou de tout autre élément d’identification de fonctionnaire de police ou militaire de gendarmerie. Autrement dit, les images des violences commises par les forces de l’ordre ne pourront dés lors plus être diffusées.