Hommage lu lors des obsèques de Anne

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Mesdames, Messieurs, de la famille de Anne,

amis connus et inconnus, camarades,

cher Carlos,

Je prends la parole à la fois à titre personnel et aussi au nom de Montigny-Solidarité notre groupe politique, de gauche, présent au Conseil Municipal à Montigny-Le Bretonneux.

J’hésite un peu à dire que je parle au nom de ce groupe car, comme nous sommes du genre démocratique, ce que je vais dire n’a été soumis à personne. Mais je connais nos camarades, je sais bien qu’ils partageront avec moi ces propos.

Notre histoire avec Anne c’est une l’histoire d’une rencontre due au hasard. Enfin pas tout à fait. Ou alors au hasard tel que le définissait le philosophe et mathématicien Antoine-Augustin Cournot : «  Le hasard est la rencontre de séries causales indépendantes ».

C’était à peu près il y a six ans. Nous étions quelques uns, une douzaine au plus, bien décidés à présenter une liste lors des élections municipales de 2020. Ayant publié quelques informations sur notre intention, un jour nous avons reçu un petit mot d’une certaine Anne Hétier répondant à notre appel à nous rejoindre.

Anne Hétier ? Quelqu’un connaît ? Non, personne autour de nous ne connaissait.

Attendez, attendez, j’ai déjà vu ce nom là quelque part. Il m’est revenu à l’esprit avoir vu ce nom dans un commentaire sur Facebook sur une page dédiée de la Ligue des Droits de l’Homme.

Rien à voir avec notre liste, mais c’était une bonne introduction Nous avons donc contacté cette dame et l’avons invitée une réunion. Elle s’est présentée comme femme de gauche, ne s’étant jamais impliquée en politique, et sans autre ambition que celle de nous donner un coup de main. Peut-être à cause de son état de santé, qu’elle ne nous a jamais caché.

Tout de suite elle nous impressionné par son calme, par sa voix posée, par ses propos construits. En peu de temps, l’intégration s’est faite au sein de notre groupe. Lorsqu’il s’est agi de construire la liste vers le mois de janvier 2020, elle nous a dit « je veux bien y participer mais en fin de liste, je n’ai aucune expérience ».

D’accord Anne ! Nous te proposons la sixième place (sur trente-neuf), c’est à dire que si nous sommes majoritaires, tu seras cinquième adjoint. Adjointe ? Mais vous n’y pensez pas. Je n’ai jamais fait de politique. Eh bien oui Anne, il faut bien débuter un jour. Avant de savoir quelque chose, on ne sait pas. Tu apprendras comme nous, comme tous les autres. Et puis il y aura des formations. Bon, ne t’en fait pas, nous n’avons que peu de chance d’emporter l’élection.

Pendant la campagne, elle est montée sur scène lorsque nous avons fait une réunion publique la salle Jacques Brel à Montigny et a animé une partie de la soirée avec brio. Une vraie professionnelle, ou plutôt, car je n’aime pas utiliser ce terme de professionnelle pour la politique, en militante aguerrie. Pour quelqu’un qui débutait c’était plutôt impressionnant.

Comme prévu, nous n’avons pas remporté l’élection. Deux élus seulement. Mais le temps passe. Avec une démission pour cause de déménagement, Christian Rozé s’est retrouvé au Conseil. Et puis il y a deux ans, à la mi mandat, nous avons décidé de laisser notre place à de plus jeunes camarades. Jamila Mondoloni ayant décidé de ne pas siéger pour cause d’occupation professionnelle, Anne et Damien Nadeau se sont retrouvés élus au Conseil Municipal. Anne devenant présidente du groupe Montigny-Solidarité. Cela nous fait toujours un peu rire, car présider un groupe de deux personnes, n’est pas une charge très lourde. Comme je l’ai dit tout à l’heure, étant démocrates, nous ne cherchons pas l’unanimité, les décisions du groupe sont prises à la moitié de voix plus une.

Tout naturellement, elle s’est mise à rédiger les tribunes du groupe pour le journal municipal. Ce ne fût pas une surprise, car maintenant nous connaissions bien Anne, mais quand même, ses textes nous ont toujours ravi par leur exactitude, par le mot choisi, par le style, par la pertinence.

A l’aube d’une nouvelle élection, l’an prochain, sans avoir à en discuter nous avons demandé à Anne de conduire la liste. Nouvelle responsabilité en vue. Nouveau doute. Elle m’avait écrit : « Je crois que je ne suis pas fait pour ça ». Et puis le lendemain elle me renvoie un petit message en disant : « Bon, j’étais un peu fatiguée, j’ai bien dormi ça va mieux et je vais me battre ».

Confiante en l’avenir, elle voulait aussi que l’on parle d’autres sujets, autres que politiques, « quand je serai rétablie » m’a-t-elle confié.

Voilà Anne ce qui restera de toi. Une femme vivante, avec ses doutes, avec sa constance, avec sa volonté. C’est toi qui est devenue un exemple pour nous.

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