Comme d’autres villes, Montigny a fait l’objet de violences urbaines et de dégradations matérielles. Personne ne s’en réjouit, comme personne ne peut se réjouir de la mort d’un adolescent de 17 ans tué à bout portant.
Lors d’une interview, le maire de Montigny pointait « l’irresponsabilité des parents » et avait pour seule proposition de sanctionner les parents : « Si l’État nous donnait l’opportunité de sanctionner, nous la saisirions ».
Rappelons que la justice (au sens noble du terme) ne peut pas reconnaître la responsabilité collective : il n’y a pas lieu de punir une famille entière, dont les membres n’ont pas commis de délit, au prétexte que l’un de ses membres en a commis un. Nous sommes un certain nombre à avoir combattu la sinistre loi dite « Sécurité et Liberté » de l’ancien ministre Peyrefitte pour ne pas laisser réintroduire cette notion dans le droit et en dépit de l’autre loi du président Macron dite « Pour conforter les principes de la République ».
Dénoncer les violences c’est bien, d’ailleurs, à quelques très rares exceptions près, tout le monde le fait. Encore faut-il ne pas se limiter à l’apparence.
Nous pourrions aussi dénoncer :
La casse des services publics laissant à l’abandon des zones entières du territoire. Celle de l’hôpital, y compris les services d’urgence augmentant les déserts médicaux. Celle de la fermeture de classes, voire d’écoles, détruisant l’éducation nationale.
La casse qui impose la « réforme » des retraites contre l’avis de la majorité du pays, la totalité des organisations syndicales, sans qu’il n’y ait eu le moindre vote à l’Assemblée nationale, par la violence d’institutions anti-démocratiques
La violence de la spéculation des grandes entreprises qui engrangent des milliards de profits et siphonnent l’argent public, entraînant l’inflation qui plonge des populations entières dans le dénuement (une personne sur six ne mange plus à sa faim)
La violence de la « réforme » de l’assurance chômage, qui exclut les salariés les plus précaires
La violence du service national universel (SNU), qui embrigade les jeunes, sur le temps de l’éducation nationale
Et la violence d’État aggravée par la loi du 28 février 2017 de Bernard Cazeneuve, notamment l’article L. 435-1 (1) qui introduit des interprétations quant à l’usage des armes à feu par les forces de l’ordre lors d’un contrôle routier (cinq fois plus de personnes tuées par des policiers depuis 2017 cf article de Basta (2)).
Nous pourrions encore allonger la liste, tant les problèmes sont nombreux.
Pour apporter des solutions, bien prendre en compte tous les aspects de la société et écouter tout le monde (quite à ne pas être d’accord), trouver des solutions, réformer les institutions pour accroitre la démocratie et apporter la justice. Sans justice il y aura toujours des révoltes.
(1) « dont les occupants sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d’autrui », selon l’ article L. 435-1 du code de la sécurité intérieure. Le texte précise que l’usage des armes est autorisé seulement en cas « d’absolue nécessité et de manière strictement proportionnée »
A l’époque, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, avait alerté sur le risque que ce projet de loi donne le « sentiment d’une plus grande liberté pour les forces de l’ordre alors que les cas prévus sont déjà couverts ».
Il faudrait sans doute ajouter la violence de la répression exercée sur ceux qui ont été arrêtés et condamnés sans réel jugement à des peines de prison immédiate ! Certains d’entre eux avaient moins de 14 ans, certains mêmes avaient eu le tord d’être là sans rien faire !
Clairement la classe dominante, comme toujours, réprime durement ceux qui s’opposent à ses vues ! C’est d’abord elle qui est la cause principale de la violence.